Fin du chantier de restauration du chef-d’oeuvre de Charles Le Brun !
Panorama 360° en Gigapixels par (C) Christian Gluckman
Venez re-découvrir le plafond Le Brun de la chambre des Muses entièrement restauré. Ce chantier de 6 mois, d’une superficie de 175 m², s’est terminé en mars 2017 avec la repose de la toile centrale, Le Triomphe de la Fidélité, au centre du plafond.
Une Chambre à l’histoire exceptionnelle
La Chambre des Muses était la chambre d’apparat de Nicolas Fouquet ; elle doit son nom aux 9 Muses qui animent l’admirable plafond imaginé par Charles Le Brun dont l’oeuvre centrale est une huile sur toile octogonale de 4 x 4 m, Le Triomphe de La Fidélité, en écho à la fidélité de Nicolas Fouquet à Louis XIV durant la Fronde. On y découvre Clio, Muse de l’Histoire et de la Renommée, en compagnie de la Prudence et de la Fidélité, et à l’angle des voussures, les huit autres muses, deux par deux : Euterpe, la Musique ; Calliope, la Poésie épique ; Terpsichore, la Danse ; Melpomène, la Tragédie ; Thalie, la Comédie ; Erato, la Poésie lyrique ; Polymnie, la Peinture; Uranie, l’Astronomie.
La Chambre d’apparat de Nicolas Fouquet a la particularité de disposer d’une alcôve avec une estrade surélevée qui devait accueillir le lit du surintendant mais qui resta inachevée. Cette estrade servit de scène à Molière comme un théâtre le 12 juillet 1661 pour la représentation de L’École des maris, devant les membres de la famille royale, invités de Fouquet. Au plafond de cette alcôve se trouve la deuxième huile sur toile ovale de Le Brun : La Nuit, où l’on voit la divinité Diane déployer avec grâce ses voiles bleutés, qui sera également restaurée lors de ce chantier.
Une restauration in situ devant les visiteurs !
Le décor très raffiné du plafond du Triomphe de La Fidélité allie symboliquement les sciences et les arts. On se trouve ici à l’aube du premier style Versaillais, inspiré du maniérisme italien.
Traumatisé par une ancienne transposition de la toile d’origine, ce grand tableau est dans un piètre état de conservation nécessitant une intervention urgente. Il est donc prévu une dépose de la toile centrale, qui sera restaurée sur place pour permettre au restaurateur de travailler sur l’oeuvre en présence du public (NB : les restaurateurs sont présents en semaine, hors vacances scolaires de Noël) .
L’ensemble des peintures décoratives sur plâtre, fortement encrassées, feront l’objet d’un nettoyage et d’un décrassage au Tri Ammonium Citrate à 10%, et les repeints importants seront « réaménagés » par la retouche. Les parties écaillées seront refixées par injection d’un adhésif puis aplanies à la spatule chauffante. Les deux tableaux sur toile nécessiteront un décrassage et un refixage des écailles pour le tableau octogonal. Enfin, les cadres dorés des deux tableaux seront restaurés, et repris entièrement à la dorure à l’eau.
Les choix techniques des produits de conservation restauration utilisés sont établis en fonction de leurs qualités, de leur réversibilité et de leur non-toxicité pour la santé des restaurateurs et des visiteurs.
Indispensable et ambitieux, ce chantier d’un montant estimé à 450 000 €, a pu être financé à 100% par un généreux donateur américain : Alexis Gregory, homme d’affaires et collectionneur.
La restauration du plafond de la Chambre des Muses a été confiée à l’atelier de restauration d’Ariel Bertrand. L’architecte en Chef des Monuments Historiques en charge de ce chantier est Lionel Dubois.